Après nous avoir fait voyager par plusieurs pays du monde, Laurent Gaudé s’essaie à la science-fiction et au récit d’anticipation. Un pari réussi !
Goldtex est une multinationale qui rachète les pays en faillite. Les populations obligatoirement « déplacées » de ces pays doivent alors résider dans l’immense cité de Magnapole, où les déportés y sont répartis dans trois zones en fonction de leur classe sociale. Les habitants deviennent alors des « cilariés » (contraction de citoyen et salarié) à part entière de Goldtex.
La Grèce fut le premier rachat et Sparak travaille maintenant en tant que « chien », flic de bas étage, dans les zones populaires de la zone 3, zone régulièrement balayée par des tempêtes climatiques. La vie de cet « ancien » athénien exilé bascule un peu quand le cadavre d’un résident de la classe moyenne de la zone 2 est retrouvé éventré dans d’étranges circonstances. Sparak devra alors collaborer avec Salia, enquêtrice de la zone 2, une enquête qui les mèneront dangereusement dans les bas-fonds et les méandres politiques de Magnapole. Et si les réponses étaient dans l’ancien monde ?
Exil, corruption, répression, capitalisation de l’être humain, hyper connectivité, ultralibéralisme, dérèglement climatique, marchandisation des corps et absence totale d'espérance, place de la femme par le point de vue de Salia… Si Chien 51 ne révolutionne pas le polar d’anticipation, ce récit cynique teinté de cyberpunk est autant un récit aux thématiques actuelles qu’un hommage aux grandes références du genre, de Bradbury à Orwell, en passant par le fameux Blade Runner de K. Dick.
Une lecture haletante !