Catherine Dufour fait partie de ces auteur-ices français-es dont l'éclectisme de leur œuvre (science-fiction, fantasy, conte, essais, etc.) les rend difficilement classables. Ce qui est certain, c'est que ce recueil de nouvelles se cale dans la déferlante salutaire de fictions plus ou moins futuristes autour de la chute absurde de notre monde capitaliste, productiviste, patriarcal et tellement connecté qu'il en déconnecte de la réalité ses usagers les plus assidus. Le pendant inévitable des utopies technologistes de l'après-guerre, à l'instar de la désillusion collective face aux promesses du contrôle total de la vie par les hommes.
Alternativement terre-à-terre et hallucinés, caustiques, pessimistes et effroyablement humains, les récits d'Arithmétique terrible de la misère sont aussi divers que le sont la misère et l'arithmétique. Bien que se situant dans un avenir incertain, rien ne paraît si étrange dans le monde décrit car, tout en étant poussées à leur paroxysme, toutes les situations que Catherine Dufour nous présente existent, ici et maintenant (à l'exception de l'avant-dernière nouvelle, biographie revisitée d'Alfred de Musset, dont la présence dans ce recueil laisse songeur tout en restant jouissif). Ce qui nous fait sortir de leur lecture d'autant plus glacés et convaincus de l'urgence d'une désertion massive et joyeuse.
Fortement déconseillé aux moins de 16 ans.