Seum : Nom masculin. Familier. Avoir le seum, être très énervé et dégoûté ; avoir la haine.
Si l’autrice de ce recueil de poésie s’appelle Douce, son écriture est à l’extrême opposée de la définition de son prénom. infra / seum c’est la colère qui parcourt notre corps, qui ronge, celle qu’on ne peut plus ignorer tant elle bousille tout à l'intérieur. Douce écrit donc dur, cru, sale. Elle écrit des bas-fonds, des entrailles qui se tordent, donnent envie de crever. C'est violent, on vous l'accorde. Mais, l'est-ce davantage que cette violence subie par tant de personnes sur cette planète, à travers guerres, génocides, discriminations, etc. ? Ici, la colère se fait instrument de survie, de militantisme, face à l'injustice, à l'horreur, au traumatisme, contre la folie des puissants. Les mots viennent contrer cette idée fausse, mais ancrée dans toutes les têtes, d'impossibilité d'agir.
Il n'est plus question de se faire tout.e petit.e, de se cacher. Maintenant, on hurle, on dénonce, on expose cette bile dévorante, dégoûtante, qui nous a été infligée et qu'on nous a demandé de tenir secrète, comme si c'était de notre faute.
Poème après poème, la colère, cette émotion si fortement rendue illégitime dans nos sociétés, est réhabilitée. Et dans cette expérience de lecture, une certitude vient nous frapper : il est nécessaire de l'accueillir, de la vivre, de la dire. Pour ne plus jamais accepter l'inacceptable. Pour continuer d'être en mouvement contre ce qui nous paraît injuste. Parce que la peur et la honte doivent définitivement changer de camp.
infra / seum n'est pas seulement la colère personnelle de l'autrice. C'est aussi celle des minorités, des opprimés, des discriminés, c'est notre colère mise en mots. La lire a un effet follement cathartique.
Vous avez le seum ? Vous savez maintenant ce qu'il vous reste à faire.